8h30, c'est parti. Me voilà embarqué dans une aventure dont je disais il y a encore un an qu'elle n'était pas pour moi. Nous sommes environ 1800 sur la ligne de départ, 1800 hommes et femmes à vouloir "se" défier.
Je me suis placé au niveau du ballon "3h30", en me disant que si ça va trop vite, il sera toujours temps de me rabattre sur le "3h45". Un petit tour dans Annecy, on traverse le parc et on attaque la piste cyclable. Il fait frais, le temps est maussade, mais les spectateurs sont là et les encouragements fusent.
Je me sens bien, et ma course est fluide. Nous suivons le lac puis nous en écartons. Nous passons le petit tunnel de l'ancienne voie ferrée, de légères montées en légères descentes, les kilomètres s'accumulent. Au 18ème, la moto de tête déboule, suivie par trois magnifiques coureurs, l'air tellement facile! Nous les applaudissons au passage, c'est tellement impressionnant...
Nous arrivons au bout, grande boucle dans le village, passage au 21éme en 1h45. Quasiment le même temps qu'au semi de Chambéry!!!(1h42). Et puis...22ème, j'entre en enfer. Je ne sais pas ce qui se passe: plus de jambes, ou plutôt trop de douleurs dans les jambes, je vois mon groupe de référence partir, s'éloigner, et je suis incapable de le suivre. Plus de jambes, mais surtout, brutalement, plus de mental. Carrément en dessous de zéro. Peut-on encore appeler "courir" ce que j'arrive à faire faire à mes jambes? Le marathon? Plus jamais!!! L'abandon? Pourquoi pas? Allez, il n'y a plus rien, que la souffrance! Pourquoi continuer? Et bien oui, pourquoi continue-t-on? Je n'ai pas la réponse, mais j'ai continué. Merci aux spectateurs qui encouragent, merci aux quartiers d'oranges qui redonnent -petit à petit- un peu de tonus. Merci à "?" -j'ai oublié ton prénom, excuse moi- qui d'un coup de main sur l'épaule et d'un encouragemnt "Allez Errances (mon pseudo sur le forum de Pelloche) ça va aller!!!" m'a fait plus de bien que tout les reste, et mercià Stéphanie d'avoir décidée d'être à l'arrivée, parce que j'ai décidé à ce moment-là que c'est en coureur que tu me verras arriver, et non pas en "victime".
L'enfer fait 12 kms. Il paraît que le mur du marathon est aux environ de 33, moi je l'ai tapé aux 23, et je l'ai tapé jusqu'au 35. Et il a cédé. Oh, je ne dirai pas que les 7 derniers kms ont été une partie de plaisir! Mais le mental, à défaut des jambes, était revenu. Alors, plutôt que 36 kms, c'était: n'en reste que 6. Plutôt que 37, n'en reste que 5. Etc...etc...
La petite descente sur Annecy, le passage sur le port, détour dans les jardins, encouragements -merci aux Kikous du pont!- il ne reste que 500 mètres. Et la volonté de se présenter en coureur, je me redresse, la foulée s'allonge -comment je fais? Ah si je savais!!!- et je sprinte! Je vous assure...Je ne vois plus que l'arrivée, et dans les dix derniers mètres, mon fils Titouan qui court avec moi.
ça y est je l'ai fait!!! Et je sais déjà qu'il y en aura d'autres. C'est trop beau!! Je serre mon fils dans mes bras. Et puis j'entends ma femme m'appeler. Ah! Une épaule aimée sur laquelle s'appuyer quelques instants, désemparé, et y puiser le meilleur des réconforts. Ensuite...ensuite, elle me massera longuement les cuisses, si dures et si douloureuses. Nous pique-niquerons sur les bords du lac, et puis nous rentrerons. Nous rejoignons le reste de la famille, et je raconte. Besoin de l'extirper de soi, mais en même temps ne pas tout dire. Il y a des sentiments qui font partie du jardin secret, et que l'on garde pour soi. Entre autres choses, parce que ces autres ne courent pas et ne pourraient pas comprendre.
Et le soir, quand ma femme, me prenant la tête entre ses mains, me regarde dans les yeux, et me dit:
"Je suis fière de toi, mon marathonien"
Je sais pourquoi je cours...
lundi 20 avril 2009
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bravo papa !!! fier de toi et tellement impressionné ! quelle souffrance et quel jusqu'au boutisme! tu as puisé au fond de tes réserves mentales et physiques on dirait. maintenant les dix kilomètres, tu les feras les doigts dans le nez !!!
RépondreSupprimerTout simplement bravo, je tire ma révérence.
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